Pline le jeune dans son Histoire Naturelle (livre XXXIV) distingue de nombreuses qualités de fer qu’il caractérise principalement par leur souplesse/dureté et par leurs domaines d’utilisation privilégiés. Dans cet ouvrage, Pline expose aussi le lien établi par ces contemporains entre qualité des métaux et origine. À cette occasion, il mentionne également les matières déterminantes utilisées et les gestes techniques spécifiques qui influent sur la fabrication de certaines qualités de fer au cours du processus de réduction, mais aussi au cours des phases de compactage qui accompagnent la mise en forme des demi-produits, ces barres de fer destinées au commerce. Or, depuis maintenant plus de 10 ans, un consortium interdisciplinaire d’équipes de recherche du CNRS et du Ministère de la Culture Français étudie les barres de fer découvertes en France et en Europe avec une approche intégrée associant archéologie, étude des formes et des estampilles, analyses des matériaux et des provenances. Ces études révèlent à la fois l’existence de plusieurs natures d’alliages ferreux, dont les propriétés mécaniques peuvent varier, suggérant ainsi la possibilité de considérer plusieurs qualités, au sens où Pline pouvait l’entendre. Cette notion se doit cependant d’être discutée et précisée. Pour ce faire, notre communication a pour but de proposer une synthèse sur les connaissances acquises en la matière et de les confronter aux écrits antiques contemporains de Pline. L’enjeu est donc ici de dégager des constantes communes entre écrits antiques et recherches contemporaines qui permettront de mieux comprendre la perception que les antiques se faisaient de la notion de qualité - ici des fers -, mais également de pointer les incohérences qu’il reste à expliquer. L’enjeu est aussi de commencer à mesurer l’influence que peut avoir la notion de qualité sur le commerce du fer dans l’Empire romain occidental, entre gisements exploités et espaces de consommation